nous laissa tout à fait froids.
dit-elle d’un ton trainant et déçu.
Sans doute l’aurait-elle cru en diamants. »
Le vrai dépaysement n’est-il pas celui de l’imaginaire ? L’aristocrate rêve d’une excursion d’un nouveau genre, cherche à vivre le luxe d’un faste d’aventure, une soif d’exotisme et de péripéties. Imaginer son voyage lui permet de s’évader, elle s’aime à se penser dans un décor inexploré, un fleuve sauvage et fertile qu’elle dominera depuis sa pirogue. Elle aime choisir minutieusement ses tenues, ces pièces vestimentaires qui l’habilleront lors de sa singulière croisière sur le Nil : cuirs de crocodile, peau de python, coton, lin et soie sont les matières dans lesquelles se glissera cette noble aventurière. Qu’il s’agisse de parures abondamment perlées ou faites de toile déchirée, l’histoire de l’aristocrate est consignée dans chacune des pièces de la collection croisière qui vient, comme la phénoménologique d’un voyage, témoigner de la dichotomie qui peut exister entre ce que le nom d’un milieu et ce milieu en lui-même. Entre doux fantasme et farouche réalité, le luxueux et le sauvage ne font plus qu’un.